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Dates et horaires

Le 03 décembre 2023
À 16h00

Public

tous publics

Adresse

Eglise Saint-Pierre
90 avenue du Roule
92200 Neuilly-sur-Seine
Evènement passé Retrouver tout l'agenda
Quatre maîtres s'interpellent à travers le temps et l'espace. Au cœur de la révolution musicale italienne, ils dessinent une arche entre le cinquecento et le seicento. Profondément influencés par la redécouverte de l'Antiquité, ces compositeurs à la lumière d'un humanisme nouveau inventent et provoquent la naissance d'une musique inouïe.

Comme les choeurs de Giovanni Gabrieli, flamands et italiens, vénitiens et romains, stilo antico et moderno, théâtre divin et théâtre des passions humaines dialoguent et s'interrogent.

Après le Concile de Trente, la musique sert  la volonté de l'église catholique de séduire de nouveaux fidèles en reprenant certains aspects de la prima prattica, idéal de clarté, cet Ars perfecta dont la messe de De Rore est un magnifique exemple.

Mais aussi grâce à la seconda prattica qui éclaire l'évangile de sentiments plus humains. Par l'art de la persuasion, de l'effet, par la lisibilité du falsobordone qu'est le Miserere de Gregorio Allegri ou la dramaturgie éloquente de l'oratorio dont Giacomo Carissimi est l'un des premiers virtuoses.

S'inspirant du stile rappresentativo de Claudio Monteverdi, Carissimi cherche une peinture plus vraisemblable des passions. ''L'art doit être l'imitation de la nature'' nous dit Aristote.

De la nature humaine aussi. Ses affects, ses Affetti. La Katharsis, acte purificateur qui, par la représentation des passions mauvaises de l'âme, engendre la crainte et la pitié du spectateur, agit et captive l'auditoire. Jephte se termine ainsi par un kommos, un chant de lamentation si saisissant que Marc-Antoine Charpentier s'en inspirera pour ses propres histoires sacrées.

Une musique européenne arrivée par ces Oltremontani, musiciens d'outremonts, par delà les Alpes, polyphonistes franco-flamands recrutés par les riches familles italiennes, dont Josquin Desprez est la figure de proue.

Roland de Lassus professeur de Gabrieli, Adriaen Willaert ou encore et surtout Cyprien De Rore. Né non loin de Roubaix, il passera la majeure partie de sa vie en Italie. Sa messe est inspirée d'un motet de Josquin qui naquit lui aussi en Flandres deux générations avant et aura parcouru l'Italie de protecteurs en mécènes.

Deux géants qui s'embrassent au sein d'une même architecture musicale. Ces œuvres suivent d'exigeantes règles de proportion, d'équilibre. Elles sont soumises à une harmonie de construction qui doit reflèter celle du monde. Elles se veulent un microcosme de l'harmonie universelle. Musica humana, celle des mortels et musica mundana, perfection sonore de la lyre du ciel. La septième voix de la messe de Cipriano de Rore, dédicace au duc de Ferrare sertie au cœur du contrepoint, est écrite sur le plain chant ''Praeter rerum seriem''. Ce cantus firmus est intrinsèquement liée à la parole divine, quand les six autres voix sont le commentaire, la glose terrestre du verbe sacré. Union du divin et de l'humain dans un microcosme musical miroir de l'univers.

Ces immenses hérauts de la polyphonie se répondent, se citent et s'inspirent.

Yoann Moulin

Pas de progrès ici, mais une émulation, une admiration, une révérence, un laboratoire, un héritage, une transmission. Comme un blason. Un leg. Une amitié à travers les âges de musiciens qui se reconnaissent par les œuvres qu'ils s'écrivent et se passent sans le savoir.

Créneaux

  • Dimanche 03/12
    À 16h00
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