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Les statues présentes dans les squares, parcs et jardins de la Ville font partie du patrimoine neuilléen. Ces œuvres d’art jalonnent les promenades et illustrent l’histoire de Neuilly. Le service municipal des espaces verts et le service du patrimoine en tiennent l’inventaire et déterminent ensemble les soins à leur apporter. En bronze ou en pierre, elles subissent les flétrissures des ans et sont confiées à des mains expertes le temps d’une restauration.
Ces derniers mois, deux statues emblématiques sont parties en atelier de restauration et ont été réinstallées dans l’espace public.

Elles figurent des personnages importants et font écho à des périodes historiques emblématiques, elles sont l’œuvre d’Adrien Gaudez, sculpteur concitoyen neuilléen de la seconde partie du 19e siècle et de grande renommée, ami de Rodin et ancien élève des Beaux-Arts : les statues d’Antoine Parmentier et de Jean-Rodolphe Perronet.

La statue en bronze de Parmentier sculptée par Adrien Gaudez fut inaugurée en mars 1888 sur la place de l’Hôtel de Ville en présence du préfet de la Seine, Eugène Poubelle. Elle a connu plusieurs déplacements sur le territoire communal. En 1937, pour le bicentenaire de la naissance de l’agronome, la statue est installée place Parmentier. En 1942, comme nombre de statues en France, elle est enlevée par les Allemands et fondue afin de récupérer la matière première. En 1981, grâce à une réduction en bronze de l’œuvre primitive d’Adrien Gaudez, une nouvelle statue a été reconstituée et réinstallée face à l’hôtel de Ville. En 2019, elle a fait l’objet d’une restauration complète lors de la rénovation du square Jean Mermoz.

Fin septembre, après un passage à l’Atelier Chevalier pour un nettoyage et une reprise de patine, la statue d’Antoine Parmentier a été installée, devant le bâtiment éponyme dans le cadre des opérations de requalification du quartier des Sablons. L’illustre père de la culture de la pomme de terre en France retrouve ainsi les arpents de la plaine des Sablons sur lesquels Louis XVI l’avait autorisé à mener une expérience de plantation du tubercule.

Bien connu des promeneurs de l’île du Pont, la statue en pierre de Jean-Rodolphe Perronet sculpté par Adrien Gaudez fait désormais face à l’Hôtel de Ville après une importante restauration.

C’est un pont qui lie Perronet à l’histoire de Neuilly. Entre 1768 et 1774, Jean-Rodolphe Perronet, créateur et premier directeur de l’école des Ponts et Chaussées, dirigea les travaux de construction du pont enjambant la Seine à Neuilly. Après avoir réalisé la statue de Parmentier quelques années auparavant, le sculpteur Adrien Gaudez a proposé au conseil municipal de Neuilly d’ériger une œuvre célébrant l’ingénieur à l’origine du pont de Neuilly.

Reposant sur un socle de plus de 4 mètres de hauteur, la statue de bronze haute de 3 mètres est inaugurée en juillet 1897 sur le rond-point Inkermann. Comme la statue de Parmentier, elle est retirée par les Allemands en 1942 et fondue. Aucun moulage n’ayant pu être pris à l’époque, la Ville n’a pas pu rééditer l’œuvre.

En 1981, Neuilly acquiert une nouvelle statue de Perronet auprès d’un antiquaire de Chantilly et l’installe sur l’île du Pont. Malmenée par le temps et soumise à des dégradations, la statue en pierre a été transportée dans l’Atelier Chevalier à Puteaux en juillet pour une rénovation conséquente. La restauration menée par la sculptrice en charge de redonner ses lettres de noblesse à l’œuvre originale a fait intervenir la technique d’ajout de pierre puis la sculpture ainsi qu’un nettoyage complet pour éliminer les traces de pollution, de lichen et autres micro-organismes et salissures. Une rénovation qui a permis à l’ingénieur Perronet de retrouver un pied, la partie manquante de sa cape, le col de son manteau, la partie détériorée de son visage ainsi que son compas.

En septembre dernier, la statue a été installée face à l’Hôtel de Ville à l’endroit occupé précédemment par Antoine Parmentier. Un soin tout particulier a été apporté à la patine de l’œuvre pour une harmonie parfaite avec le socle.

« Les squares, les jardins et les espaces verts de la Ville compte une statuaire riche tant par la quantité d’œuvres que par leur diversité et le renom des sculpteurs. C’est une chance d’avoir à veiller sur un si beau patrimoine et nous en prenons soin. Les opérations de restauration sont confiées à des experts spécialisés dans les œuvres anciennes. », déclare Frédéric Martini, directeur des espaces verts de la Ville.

Aujourd’hui, une vingtaine de statues, datées du XVIIIe au XXIe siècle, agrémentent les squares et jardins publics de la Ville.

Une anecdote surprenante : jusqu’au début des années 1950, se trouvait à Neuilly, une statue représentant Alfred de Musset. A travers cette œuvre, la Ville souhaitait rendre hommage à l’écrivain qui venait régulièrement à Neuilly se promener et visiter la famille d’Orléans. La statue fut commandée à Pierre Granet en 1903 après que le maire de l’époque, Georges Huet, ait aperçu la maquette dans l’atelier de l’artiste. Le manque de fonds nécessaires à la réalisation de la statue et de son piédestal retarda l’installation qui eut finalement lieu fin mai 1906. Mais elle fut à nouveau reportée car un transporteur, M. Chenu, avec qui Pierre Granet était en conflit financier, ne voulut pas rendre l’œuvre qu’il avait été chargé de récupérer. Une fois le transporteur payé, la statue fut installée place de Verdun et l’inauguration se déroula le 24 juin. Elle était présidée par le sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts et réunissait les admirateurs de Musset. La cérémonie se termina par plusieurs représentations et une fête artistique.

La Ville fait appel à des professionnels experts pour la restauration de son patrimoine. Comme pour la restauration des façades de l’Espace Parmentier, la Ville a choisi une entreprise à une entreprise spécialisée dans la réfection de bâtiments classés monuments historiques ou de renom et qui comptent des compagnons maîtrisant les savoir-faire ancestraux des métiers de tailleur de pierre, marbrier, sculpteur… Les statues de Parmentier et de Perronet ont ainsi été confiées à l’Atelier Chevalier de Puteaux qui mène des projets de restauration sur des bâtiments exceptionnels comme le Château de Versailles, le Bureau Ovale de la Maison Blanche, l’Opéra Garnier.

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